Lancement De L’agropole Sud : Le Plaidoyer Du Ministre De L’industrie M Moustapha Diop

Le ministre en charge du Développement industriel et des Petites et moyennes industries, Monsieur Moustapha Diop a lancé les travaux de l’agropole Sud ce lundi à Ziguinchor. 

Le Projet de zone de transformation agro-industrielle du Sud, connu sous le nom d’Agropole Sud, est un des projets phares du Plan Sénégal émergent (PSE). Approuvé lors du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement, le 18 décembre 2019, pour un financement de 43,1 millions d’euros (près de 50% du coût total), le projet s’inscrit dans le pilier I du PSE relatif à la transformation structurelle de l’économie du Sénégal. Il constitue une première phase pour le pays, dont le gouvernement prépare la création d’autres agropoles avec l’appui de la Banque. Des discussions sont en cours entre la Banque et d’autres partenaires pour mobiliser des financements additionnels, à cet effet.
 
 
A l’en croire Monsieur Moustapha Diop, la création d’Agropoles procède d’une analyse de la situation de notre économie qui a montré un faible taux de transformation industrielle de notre production agricole estimé à 13 %, contre 22% au Maroc, 45 % en Tunisie, et 97% en Afrique du Sud.
 « Ce diagnostic consacre toute la pertinence du concept « d’Agropole » qui intègre, en parfaite complémentarité, l’Agriculture et l’Industrie, selon une démarche de structuration et de développement des chaines de valeurs, et d’intensification de la transformation agro-industrielle des produits agricoles, par le biais de la promotion de l’investissement privé », a-t-il soutenu avant de poursuivre : « Parce qu’il cible des secteurs hautement stratégiques pour le développement économique et social de notre pays, le Projet des Agropoles est sans doute, de tous les projets du Plan d’Actions Prioritaire du PSE, celui qui vise le plus l’amélioration du bien-être des populations vivant surtout en milieu rural. Les agropoles permettront en effet, aux Collectivités territoriales, d’accueillir des investissements privés susceptibles de booster l’économie locale et d’offrir des emplois décents aux jeunes et aux femmes, grâce aux efforts conséquents que l’Etat aura consenti dans la réalisation d’infrastructures structurantes (routes, pistes, réseau électrique, eau, assainissement, internet, etc.) et aux nombreux services et incitations qui seront offerts. Du fait de leur approche orientée vers les exploitations familiales par le biais de la contractualisation entre agriculteurs et industriels, les Agropoles auront également un impact direct sur de nombreux ménages ruraux, qui verront ainsi leurs conditions de vie sensiblement améliorées. »
 
Au total, les Agropoles Sud, Nord, Centre, Est et Ouest mobiliseront à terme, un financement de 700 milliards de francs CFA répartis entre le secteur public pour 250 milliards de FCFA et le secteur privé pour près de 450 milliards FCFA.
 
 
Pour le Ministre, le choix de la Casamance comme première zone d’implantation des Agropoles se justifie, par le fait que la Casamance illustre à merveille le bien-fondé des Agropoles, en raison de ses nombreuses potentialités et richesses agro-écologiques sous-exploitées et faiblement valorisées.
« La Casamance fournit à elle-seule, 56% de la production nationale de mangue et 80% de la production nationale d’anacarde. Malheureusement, 30 à 45% de cette production sont perdues après la récolte à cause, entres autres, du déficit infrastructurel, technologique, logistique et financier. Cette situation impacte négativement sur le taux de transformation des filières prioritaires retenues qui se situe à 2% pour la mangue et 5% pour l’anacarde. La productivité agricole de la région peut pourtant être davantage améliorée, si l’on arrive à remédier au vieillissement des plantations et à leur exposition aux maladies nuisibles telles que la fusariose, la mouche des fruits, mais aussi au non-respect des bonnes pratiques agricoles préconisées », a-t-il expliqué.
 
Pour cela, le Gouvernement du Sénégal fonde beaucoup d’espoir sur les solutions visant d’abord la structuration et le développement de la productivité des filières agro-industrielles.
 
 
A travers l’apport de ces nouveaux aménagements, dira le ministre, le projet envisage d’augmenter de 40% la production des filières prioritaires.
« Les solutions nécessaires seront aussi apportées pour améliorer le taux de transformation agro-industrielle de ces filières de 2 à 20% pour la mangue, 5 à 30% pour l’anacarde et 9 à 18% pour le maïs. Ceci, à la faveur de la superstructure industrielle qui sera implantée dans toute la région, composée du module central d’Adéane, des modules régionaux de Bignona, de Kolda, et Sédhiou, et des plateformes départementales de Oussouye, Goudomp, Bounkiling, Vélingara, et Médina Yoro Foulah », a-t-il assuré.
 
Ces infrastructures seront réalisées selon les exigences d’une économie verte à travers la création d’énergie renouvelable, notamment le solaire, l’installation d’unités de traitement des déchets et des eaux usées issus de l’Agropole et de son environnement, la valorisation du biogaz destinée à la production d’électricité.
 
Aussi, les entreprises appelées à intégrer les parcs industriels de l’Agropole, seront accompagnées par la Société de Construction et d’Exploitation (SCE), détenue majoritairement par le secteur privé.
 
En termes de retombées économiques, le ministre indique qu’il est attendu : 103 milliards d’investissements privés, la création de 14 500 emplois directs et 35 000 emplois indirects dont 50% de femmes et 60% de jeunes, et un impact positif pour 65 000 ménages, soit environ 350 000 personnes.
 « Ces objectifs visés, notamment en termes d’emplois, seront accompagnés par un important volet en matière de formation professionnelle et de renforcement des capacités, pour garantir aux jeunes et aux femmes du Sud l’employabilité, et permettre aux entreprises engagées dans l’Agropole, d’avoir à leur portée, une main d’œuvre qualifiée. D’ores et déjà, les populations locales ont commencé à ressentir les fruits du projet, au travers les compensations substantielles octroyées aux familles impactées par l’acquisition du foncier de l’Agropole Sud. En effet, pour le seul site du module central d’Adéane, plus de 812 millions de F CFA sont en train d’être payés aux acteurs expropriés », a-t-il soutenu.
 
Tous ces chantiers de l’Agropole Sud seront réalisés, en partie, grâce à la stratégie du « faire-faire », avec l’implication des différentes structures de l’Etat, que sont l’ISRA, le Bureau de Mise à Niveau, l’ITA, le FONSIS.